Car, n'est-ce pas, on entre dans la vie, mignon bambin confiant sous le toit de son père. Puis vient le jour des révélations de l'Apocalypse, où l'on comprend qu'on est maudit, et misérable, et pauvre, et aveugle, et nu; et alors, fantôme funeste et dolent, il ne reste qu'à traverser le cauchemar de cette vie en claquant des dents.
Elle m'a dit un jour que le monde ne trouverait pas la paix tant que les hommes ne se jetteraient pas aux genoux de leur femme pour lui demander pardon. C'est vrai. Dans le monde entier, dans les jungles du Mexique, dans les bas-fonds de Shanghai, dans les bars de New-York, les maris vont se soûler pendant que leur femme reste à la maison avec les enfants d'un avenir qui s'assombrit à vue d'oeil. Si ces hommes-là arrêtent la machine et qu'ils rentrent chez eux - et qu'ils tombent à genoux - et qu'ils demandent pardon - et que leurs femmes leur donnent leur bénédiction - alors la paix descendra aussitôt sur la terre dans un grand silence pareil à celui dont s'entoure l'Apocalypse.
Qu'est-ce qu'on éprouve quand on s'éloigne des gens, et qu'on voit leur silhouette diminuer dans la plaine, jusqu'à n'être plus qu'un point qui finit par se dissoudre? Le monde est trop grand, il nous engloutit sous sa voûte et adios. Mais déjà, on regarde vers l'aventure suivante, folle aventure sous les cieux.
Sur la route par Jack Kerouac
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