Les nombres premiers ne sont divisibles que par 1 et par eux-mêmes. Ils occupent leur place dans la série infinie des nombres naturels, écrasés comme les autres entre deux semblables, mais à un pas de distance. Ce sont des nombres soupçonneux et solitaires, raison pour laquelle Mattia les trouvait merveilleux. Il lui arrivait de se dire qu'ils figuraient dans cette séquence pas erreur, qu'ils y avaient été piégés telles des perles enfilées. Mais il songeait aussi que ces nombres auraient peut-être préféré être comme les autres, juste des nombres quelconques, et qu'ils n'en étaient pas capables. Cette seconde pensée l'effleurait surtout le soir, dans l'entrelacement chaotique d'images qui précède le sommeil, quand l'esprit est trop faible pour se raconter des mensonges.
Elle désirait avidement la désinvolture des filles de son âge, leur sentiment vain d'immortalité. Elle désirait toute la légèreté de ses quinze ans, mais elle distinguait dans cette quête la fureur avec laquelle le temps qu'elle avait à sa disposition s'enfuyait. Le poids des conséquences se faisait donc insupportable, et ses pensées tournoyaient de plus en plus vite, en cercles de plus en plus petits.
Elle désirait avidement la désinvolture des filles de son âge, leur sentiment vain d'immortalité. Elle désirait toute la légèreté de ses quinze ans, mais elle distinguait dans cette quête la fureur avec laquelle le temps qu'elle avait à sa disposition s'enfuyait. Le poids des conséquences se faisait donc insupportable, et ses pensées tournoyaient de plus en plus vite, en cercles de plus en plus petits.
La solitudes desnombes premiers par Paolo Giordano
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