Mattia savait ce qu'il devait faire. Il devait la rejoindre et se rasseoir sur ce canapé, il devait lui prendre la main et lui dire je n'aurais pas dû partir. Il devait l'embrasser une nouvelle fois, et encore une autre, jusqu'à ce qu'ils s'habituent à ce geste au point de ne plus pouvoir s'en passer. Cela se produisait dans les films et cela se produisait dans la réalité, tous les jours. Les gens s'octroyaient ce qu'ils souhaitaient, et bâtissaient dessus une existence. Il devait dire à Alice je suis là, ou s'en aller, prendre le premier avion et disparaître de nouveau, regagner ce lieu où il vécu en suspens pendant toutes ces années.
De nombreuses années plus tôt, il avait essayer d'enjamber ce gouffre et était tombé dedans. Voilà pourquoi il se contentait maintenant de s'asseoir au bord, les jambes pendant dans le vide. La voix de Mattia ne lui nouait plus l'estomac, mais il pensait et ne cesserait de penser à lui comme au seul et véritable critère de comparaison qui soit pour tout ce qui était venu ensuite.
Titre et textes: La solitude des nombres premiers par Paolo Giordano
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